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"merci pour ce moment", les "feux de l'amour" présidentiels

"merci pour ce moment", les "feux de l'amour" présidentiels

« Il n’était pas question de dévoiler des éléments sur ma vie, ma famille ou mon histoire avec le Président. » Cette phrase, qui apparaît dès le premier paragraphe du livre de Valérie Trierweiler, entre en totale contradiction avec le reste du texte. Elle annonce la divulgation de détails intimes sur le chef de l’État qui résonnent comme un argument justifiant l’écriture de ce texte paru le 4 septembre 2014. Deux types d’accueil ont été réservés à Merci pour ce moment : certains trouvent que l’ex-première dame a été courageuse d’avoir déballé sa vie personnelle. D’autres au contraire l’accusent d’avoir fragilisé la dignité du président.

« j'assiste à la naissance d'un personnage qui a mon nom, mais qui n'est pas moi »

François Hollande n’est pas la seule cible du livre de Valérie Trierweiler. Les médias aussi ont droit à leur lot de reproches. Et pour cause, elle accuse ces derniers d’avoir déformé son image. « Ils ont commencé à faire le portrait d’une femme qui me ressemblait si peu », dénonce-t-elle au début de son livre. Elle ajoute : « J’assiste à la naissance d’un personnage, qui a mon nom, mon visage, ma vie, mais qui n’est pas moi, un double de fiction. » La journaliste fait ainsi référence aux nombreuses fois où elle a été présentée dans les médias, et plus précisément celles où elle l’a été de manière négative, comme après la fameuse affaire du tweet.

 

 

Dès que la bombe Gayet explose, au gouvernement, « cette affaire personnelle est traitée comme une affaire d’État ». L’ex-animatrice de Direct 8 évoque la limite entre la vie privée et la vie publique et explique que lorsqu’elle était à l’Elysée, elle a veillé à s’éloigner de la sphère professionnelle : « Je prends garde à ne pas empiéter sur la politique […] J’appelle "Mur de Berlin" la porte qui sépare "l’aile Madame" du reste des conseillers. »

 

Trierweiler décrit le président comme un homme qui entretient des rapports très étroits avec la presse. « Les journalistes politiques ont essayé de comptabiliser le nombre d’entre eux qui reçoivent des SMS du président. Ils ont dépassé le chiffre ahurissant de 70 […] C’est un homme politique qui aime se muer en journaliste. De mémoire de reporter politique, je n’ai jamais connu une telle fusion avec la presse. Même Nicolas Sarkozy est plus distant avec les médias. C’est dire ! », écrit-elle. François Hollande est dépeint comme une personne « maître de ses paroles ». Un écho au communiqué « de répudiation, froid comme un décret », diffusé par l’AFP via lequel il a expliqué que leur relation était terminée.

VALérie trierweiler et françois hollande, au temps du bonheur. © PASCAL rostain

LE BEST-SELLER SUSCITE UNE PLUIE DE Réactions

Alors que Manuel Valls condamne des « attaques outrancières », la maire de Paris Anne Hidalgo affirme : « J’ai beaucoup d’amitié pour Valérie Trierweiler, mais […] je ne lirai pas ce livre. » En désignant l’expression des « sans-dents », surnom moqueur que François Hollande donnerait aux pauvres selon Trierweiler, Ségolène Royal s’emporte : « C'est n'importe quoi, c'est le contraire de l'engagement politique d'un grand responsable de gauche, socialiste. » La présidente du Front National Marine Le Pen déplore la sortie de ce livre, qui pour elle est « un déshonneur pour la France ».

 

Du côté des médias, ses confrères de Paris Match affichent leur soutien à celle qui est la marraine d’ONG comme Secours Populaire et Action Contre La Faim. Catherine Schwaab, journaliste à l’hebdomadaire, estime que sa collègue « apparaît comme quelqu’un qui est extrêmement vulnérable au sein du pouvoir […] Elle n’a pas l’air d’être aidée par son fiancé […] abandonnée au milieu de ces requins du pouvoir ». Invité sur la matinale d’Europe 1, le directeur de la rédaction du journal Olivier Royant a déclaré que l’on « ne peut pas lui reprocher de mentir : je n'ai jamais pu lui trouver un élément de mensonge. C'est sa vérité, son côté du couple. Elle dit qu'elle n'a jamais joué la comédie : elle a même probablement été trop sincère ! »

 

 

A l’inverse, la journaliste Michèle Cotta ne lui fait pas de cadeau. Elle met en cause une « pitoyable vengeance » et le « spectacle minable d’une histoire qui devait rester privée », et qui « affaiblit le président au pire moment ». Et le principal intéressé dans tout ça ? Un de ses proches le dit « atterré », surtout qu’il ne s’attendait pas à de telles représailles. Deux jours après la sortie de Merci pour ce moment, il participe à un sommet de l’OTAN au Pays-de-Galles. Là, il se défend comme il peut avec un discours accusateur envers son ex-conjointe : « Respecter la fonction présidentielle, c’est préserver nos institutions, qui sont le socle de la République. C’est le premier principe. » Une chose est sûre : l’ancienne locataire de l’Elysée ne fait pas – plus – partie des « sans-dents ». Son brûlot contre François Hollande s’est vendu à plus de 600 000 exemplaires et lui a permis de devenir millionnaire. Cerise sur le gâteau, il sera bientôt adapté au cinéma, a annoncé début janvier la productrice Saïda Jawad, une amie proche de Valérie Trierweiler.

 

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©2015 par Florian Guadalupe, Victoria Laurent, Joanna Thevenot et Alev YIldiz

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